Il n’y a pas de problème, il n’y a qu’une bonne solution à trouver.

Les personnes autistes adultes de type AHN/Asperger peuvent maintenir une vie autonome du moment qu’elle est routinière et cadrée. Cependant, ils peuvent être confrontés à une situation nouvelle, imprévue, pour laquelle aucune solution automatisée et immédiate n’a été mise en place.

Ce programme que je vais proposer est inspiré d’un cours de remédiation cognitive. Je proposerai d’autres techniques de résolution ultérieurement qui seront plus orientées vers le conflit. Cette méthode est simple mais surtout doit être personnalisée, elle a pour but d’éviter la paralysie et tous les sentiments difficiles (Shutdown ou Meltdown) liés à l’angoisse de la situation anxiogène.

I) Sortir de l’attentisme

La première réaction pour une personne dans le spectre est de se sentir désemparée, de se focaliser sur des sentiments négatifs qui créent finalement une paralysie. Or en général, le problème continue d’être présent faute de réponse. Cette paralysie ne fera que renforcer un sentiment d’inefficacité, et généraliser notre incapacité à réaliser à l’imprévu, voire à les fuir (voir l’article: Sous exposition / Sur exposition : Une juste nuance à trouver)

Diagramme 1 résolution

Avant d’entrer dans une méthode de résolution à proprement parler, je souhaite vous expliciter les mécanismes qui sous-tendent l’imprévu. Quand nous produisons des actions routinières, telles que mettre ses chaussures, leur enclenchement est automatique. En psychologie,  le schéma d’action a été sélectionné, automatisé et il va piloter seul entièrement le déroulé de l’action. Il existe, malgré tout, comme dans l’attention des moyens d’inhiber les réponses automatiques. Chez les personnes Asperger, cette inhibition est souvent difficile à mettre en place. Pour celles qui conduisent, changer de parcours une fois par mois est fort difficile et demande une attention soutenue (voir article: L’attention : « Où en étions nous déjà ? »). De même, pour prendre un autre exemple, il est difficile de ne pas lire une lettre destinée à un autre qui serait ouverte face à nos yeux. Globalement notre flexibilité mentale étant moindre, il sera difficile de changer de comportements en fonction du contexte et des exigences, pour peu que nous les connaissions.

C’est pourquoi, contrairement à la population type, il est adapté d’utiliser des méthodes de résolutions assez figées pour éviter les écueils dus à notre fonctionnement neurologique particulier. Par ailleurs, les situations stressantes rendent l’accès aux fonctions cognitives plus difficile, c’est pourquoi une résolution formalisée permettra d’être plus objectif sur le problème.

II) une méthode de résolution de problèmes :

Voici en résumé les diverses étapes de résolution des problèmes:

Diagramm 2 résolution

Etape 1 : « Identification du problème »

C’est l’étape majeure car une mauvaise identification des données initiales ne peut que conduire à une mauvaise résolution. C’est pourquoi, il est important de la privilégier, aussi je vous conseille de commencer par :

  • une description du problème et de l’état initial (Qui est impliqué?Qu’est ce qui se passe exactement ? Est ce un réel problème?)
  • La description du but à atteindre pour que le problème soit résolu.

Il est possible de décomposer le problème, par exemple si mon but est de trouver un emploi, je peux décomposer ce problème en divers sous-groupes. Ainsi par exemple mon premier objectif pourrait être mon inscription à Pole-emploi. L’important est de réduire l’anxiété en posant visuellement le problème, ceci afin d’obtenir un état d’euthymie, en d’autre terme, être serein et donc être capable d’agir au mieux.

Etape 2 : « Brainstorming »

La recherche de toutes les solutions possibles est souvent la plus complexe car elle est souvent inhibée par nos réponses automatiques. Plus elles sont nombreuses, plus il y a de chance de résoudre le problème.

Deux écueils risquent de nous empêcher de résoudre le problème :

La mauvaise évaluation des moyens : la première consiste à mal évaluer les moyens à notre disposition ou mal comprendre une consigne : « Voici un carré de 9 points. Prenez un crayon. Vous devez joindre tous ces points en dessinant 4 lignes droites sans lever le crayon ».


Typiquement les premiers tests consisteront à joindre les points entre eux à l’aide de segment qui ne débordent pas le carré. Si par joindre les points nous ne comprenons que cette technique, c’est à dire construire des segments limités au carré, jamais nous ne trouverons la solution. Si par contre nous envisageons l’énoncé autrement et donc les solutions, il est possible de trouver une solution comme celle ci-dessous :

On peut dire aussi que c’est à la fois un problème d’évaluation de la consigne, mais aussi un problème d’inhibition d’une solution possible car elle nous paraît d’emblée incohérente. D’où l’idée d’évoquer les solutions les plus excentriques quitte à les rejeter en étape 3.

De même, le second problème est l’inhibition liée à l’objectif secondaire, par exemple si je souhaite trouver un emploi et que je place m’inscrire à pole-emploi comme sous-objectif, je pourrais inhiber toutes les autres solutions.

Étape 3: Évaluation des solutions et choix

Il faut classer la méthode en fonction de ses avantages et de ses inconvénients. La méthode choisie doit correspondre aux contraintes évaluées dans la première étape. Nous devons aussi estimer la solution en fonction de sa probabilité de résoudre le conflit, de réduire l’anxiété et d’apporter du réconfort. Ensuite, les paramètres des efforts nécessaires et l’effet à long-terme sont à prendre en compte. Il est possible de pondérer les divers éléments pour noter cette solution de 0 à 10. Ensuite vous devez sélectionner la solution qui a le meilleur ratio.

Par exemple : une personne n’est pas d’accord avec moi sur internet et commence à s’opposer  à moi. La bloquer pourrait être une option simple, peu coûteuse, qui réduirait rapidement mon anxiété. Toutefois à long-terme agir ainsi, pourrait m’être préjudiciable et peut-être n’augmenterait même pas mon réconfort, ni mon sentiment d’efficacité. En effet, à terme, il est utile de supporter l’opposition, de pouvoir argumenter et ainsi se sentir efficace, capable de supporter même la frustration de n’avoir pas réussi à convaincre son contradicteur.

Étape 4: Mise en oeuvre

Écrire la procédure d’application et mettre en œuvre la solution choisie

III) Quelques règles et applications :

La méthode peut paraître extrêmement artificielle au départ, c’est pourquoi il est utile de l’écrire afin de visualiser le chaînage. Il faut éviter de changer de solution une fois la solution choisie. La finalité de la procédure repose en 4 points :

  • Identifier le problème quand il se présente et donc réduire les pensées négatives et l’anxiété
  • Inhiber la tendance à une réponse automatique
  • Favoriser l’analyse d’un éventail de solutions possibles
  • Mettre en place une réelle procédure de résolution

De mon côté, aujourd’hui face à ce type de procédure, j’aurais tendance à ajouter une cinquième étape qui consiste à évaluer la mise en place de la solution et ainsi évaluer avec le recul si cette solution était véritablement la meilleure. Bien des avantages ou des inconvénients sont visibles qu’une fois la solution mise en place. Ainsi, si je dois me rendre à Paris, j’ai alors le choix entre le train et la voiture. Aussi, il est toujours utile d’avoir un cahier pour noter ses impressions et revoir son tableau d’évaluation en fonction de la réalité. Il est même possible de tester sans enjeu, l’aller/retour en voiture pour évaluer cette solution.

Face à l’imprévu si anxiogène pour nous, à l’instar des exercices de procédure en cas d’incendie, il est possible de travailler des problèmes absents actuellement mais qui risqueraient de nous demander trop de fonctions cognitives dans le futur. Par exemple les situations «  je me fais agresser dans la rue, comment dois-je réagir ? » et « Si une personne est harcelée dans le métro quelle est ma réaction? » sont des problèmes où la sidération pourrait nous paralyser. Sans réflexion, nous pourrions regretter nos réactions. Avec une procédure déjà formalisée en tête, nous pourrions agir au mieux et réduire le stress si une telle situation survenait. Attention toutefois à ne pas tomber dans l’anticipation anxieuse de tous les problèmes potentiels.

Ceci est une proposition pour réagir au mieux face aux nombreux problèmes qui nous assaillent. Cette méthode n’entend pas être un miracle qui permettra de répondre simplement à tous les problèmes donnés.

Ps:  Je me permets aussi d’évoquer le triptyque de sujets qui actuellement sont en maturation (le diagnostic, démarche et soutien), la planification, des fiches d’habiletés sociales. N’hésitez pas à me contacter directement via Facebook ou en commentaire si un des sujets vous semble plus pertinent ou urgent à traiter.

La page facebook du blog se trouve ici
https://www.facebook.com/Aspieconseil/?fref=ts

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*