Sensibilisation aux supports visuels

Tout d’abord merci à Marina Petit pour ses deux visuels, à Rose, Julie pour leurs témoignages et à Cindy, Julia, à Caroline pour sa relecture. Merci encore pour vos nombreux encouragements pour le livre qui est désormais aussi disponible via AFD, FNAC et bien sûr sur Amazon (merci pour vos 10 avis encourageants).

Les supports visuels sont des aides concrètes qui peuvent être utilisées à la place d’une communication verbale pour fournir à l’enfant ou l’adulte, les moyens de favoriser son autonomie, de mieux comprendre les attentes, les lieux ou les activités. On peut diviser les supports visuels en trois grandes catégories (un triptyque) : les aides visuelles, la structuration de l’environnement et les plannings.

Il est intéressant de voir que toutes les personnes TSA ne sont pas sensibles à ce type de support, mais qu’il peut être aussi un moyen de défavoriser l’apparition de ce que l’on nomme vulgairement « des troubles du comportement » ou « comportement défi ». Pour les personnes autistes adultes verbales plus autonomes, j’ai rédigé beaucoup d’outils dans mon guide qui vient de paraître.

Fidèle au triptyque, trois parties sont proposées, les objectifs et les différents modèles, la mise en place et enfin des témoignages. Tout cela ne saurait représenter une méthode prête à l’emploi mais doit inviter vraiment à approfondir ces notions.

Navigation dans le sujet (cliquez si vous voulez vous rendre directement à la partie choisie):

 

I)Les supports visuels : une aide pour les personnes autistes

a) Objectifs et fondements

Il est tout d’abord important de comprendre les fondements des supports visuels :

visuel 1

Voici en une carte mentale, les objectifs et les différents supports utilisés pour y répondre :

visuel2

Quelques études à ce sujet selon les âges :

http://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1088357608324715

Voici les trois grands types de supports que nous allons détailler :

La structuration de l’espace :

visuel3

Les aides visuelles : Cela peut aller de mots, d’instructions visuelles, d’organisations graphiques, de tableaux de choix, pictogrammes….

visuel4

La structuration du temps :

b) Quelques préalables à la mise en place de la structuration visuelle:

Le matériel potentiellement utilisé : Avant d’entrer dans les questions utiles pour la mise en place, voici une liste non exhaustive des besoins en matériel :

  • Velcro
  • Plastifieuse
  • Imprimante couleur + PC
  • Timer
  • Bureau
  • Coison/meubles

Une évaluation utile : La Comvoor

Elle permet de définir si la personne autiste maîtrise les différents niveaux :

  • Sensation : celui-ci est normalement acquis
  • Présentation : faire uniquement le lien entre l’objet et la réalité. Ex : Un verre pour boire
  • Représentation : C’est-à-dire avoir des concepts, un pictogramme ou un verre stylisé représente l’idée de boire
  • Méta-représentation : Inférer ce que l’auteur veut signifier.

Source : https://www.pluradys.org/wp-content/uploads/2011/10/Le-COMVOOR-peltier-atelier.pdf

Comment savoir à quel niveau est l’enfant sans passer la comvoor ?

En testant la capacité de la personne :

  • À appairer, c’est-à-dire associer deux pictogrammes/images identiques :visuel6visuel6
  • À associer un objet concret à son image, sa photo, son pictogrammesmartphone-1957740_1920
  • À catégoriser (associer plusieurs images différentes représentant un même concept)visuel6visuel7

Si l’enfant en est au niveau sensation nous le verrons le planning usuel de type pictogramme sera remplacé par un planning objets qui représentent l’activité :

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Source : http://msdinasteachingblog.blogspot.com

De l’objet au stylisé

visuel9

N’oubliez pas, qu’un pictogramme doit se comprendre simplement, le dernier par exemple serait incompréhensible pour la majorité des personnes, y compris celles non autistes (je ne mange pas de fromage à la cuillère). A l’instar de la demande d’aide symbolisée par « ? » ou d’une personne tendant une main secourable pour monter un escalier pour demander de l’aide, l’enfant autiste ne comprendra que peu ces concepts non littéraux. Par ailleurs, même s’il venait à l’utiliser sans plus de précision, difficile d’apporter l’aide attendue. Plus le concept sera abstrait, moins le pictogramme sera utile. 

 

II ) La mise en place

En quelque sorte voici un bref résumé de ce qui servira de trame à la mise en place, mais dans cette partie nous nous contenterons de l’observation :

visuel20.png

  • Structuration temporelle :

Elle sert avant tout à limiter les imprévus et à favoriser des transitions plus simples qui sont souvent difficiles dans l’autisme. Elle doit indiquer concrètement, ce que la personne autiste fera, quand et où elle sera. Les plannings peuvent être textuels, symboliques, photographiques, voire pour les séquences contenir des objets fonctionnels, comme précisé plus en avant de l’article.  Adaptez le visuel, la forme, la taille mais aussi la position en fonction des capacités de l’enfant. Certains enfants ne peuvent voir qu’à leur hauteur, il faut donc que le document soit réalisé en fonction de la capacité à balayer ou non :

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Un autre exemple le trouble de l’attention peut poser des soucis, aussi n’hésitez pas à utiliser flèches et bannettes pour les activités terminées :

visuel11

Comment assurer les transitions ?

Un problème majeur y compris dans l’autisme Asperger est de pouvoir changer d’activité, ce délai de latence est fortement éprouvant, y compris pour nous. Passer d’une activité à une autre est compliqué, cela implique une nouvelle activité, la fin d’une activité, des changements d’espace et d’objet.

Aussi voici quelques moyens :

  • Une carte de transition (ou un objet toujours selon la Comvoor) : Cela peut être une carte toute simple ou un objet à remettre sur le planning
  • Une aire de transition : cela peut-être un lieu qui sera désigné et où l’enfant se rendra entre chaque activité.

VISUEL21

  • Structuration de l’espace

Ces limites sont utiles pour permettre de délimiter un endroit et donc une fonction pour un lieu spécifique. Pour les créer, inutile d’investir mais utilisez les limites naturelles (murs), les objets, rubans/bandes :

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Voici un autre exemple, une classe spécialisée dans l’autisme, vous y trouverez à la fois une structuration spatiale, des signaux visuels (exemple la photo de l’élève sur la chaise), le calendrier des activités et bien sûr des signaux visuels (couleurs d’objets, label, etc):

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Une évaluation utile : il est pertinent d’identifier  les hypo et hypersensibilités des personnes autistes  (vous trouverez des visuels et un questionnaire dans le livre que j’ai publié: Lien Amazon

https://aspieconseil.com/2017/02/01/lautisme-dans-tous-les-sens/

  • Les supports visuels : Ils sont de nombreux types et là encore il faut tenir compte du niveau de fonctionnement de l’enfant et de sa capacité à discriminer:

Quelques questions utiles: visuel23

Le Chaînage : Il consiste à diviser une tâche en sous-objectifs pour faciliter l’apprentissage notamment avec une pensée séquentielle comme dans l’autisme. Le chaînage avant implique de guider la première sous-tâche, puis d’estomper, ensuite la 2ème sous-tâche et, le chaînage arrière consiste à commencer par la dernière étape. Dans tous les cas ici la division en sous-objectifs facilite la compréhension de la personne. Attention à bien détailler, et à être bien compris.

Un autre exemple pour favoriser l’autonomie à l’habillage :

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Là encore, si demain l’enfant n’a plus à porter de pull, il se peut que ce schéma devienne problématique.

  • Observation et estompage :

Si la personne n’adhère pas à la structuration au bout d’un certain temps, voici quelques idées :

  • Le support visuel doit être réadapté (peu clair, inadapté, forme de représentation mal choisie)
  • Les besoins ont été mal identifiés
  • La guidance est trop faible
  • Le visuel peut poser problème dans sa forme (troubles neuro-visuels) ou tout simplement toutes les personnes autistes n’y seront pas sensibles de la même façon

Estompage : C’est le point le moins abordé et pourtant l’un des plus importants, si dans le séquentiel, on peut vite s’en passer, comment aider l’enfant à estomper un planning ou une structuration ? D’abord il est important de savoir que la guidance visuelle demeure la moins forte.  Toutefois il est possible quand les comportements sont acquis avec les supports visuels, de retirer une cloison, de ne mettre dans le planning que les choses importantes. Pour les séquentiels rapidement l’enfant aura acquis la pratique et lui-même ne se réfèrera plus au visuel.

  • Quelques exemples :

un premier pour guider sur un choix d’objet,  un deuxième  pour travailler les catégories :

Et même du visuel pour préparer à une situation  (Merci à Armelle MOTET-FEVRE)

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III) Quelques témoignages :

  • Julie : une personne diagnostiquée Asperger (formée Teacch chez Pro aid autisme)

J’ai de grosses difficultés au niveau des fonctions exécutives et le matin, quand je me lève, il m’est très difficile de m’organiser pour faire les tâches nécessaires (m’habiller, préparer mon fils.). J’ai tendance à tourner en rond, à  « brasser de l’air »comme on dit et à perdre énormément de temps. Cela est source d’anxiété qui aggrave encore plus mes difficultés à planifier et à exécuter les tâches.

Pour tenter de remédier à cela, j’ai créé un support visuel avec le déroulement de ma routine. Dessus, il y a les tâches à cocher au fur et à mesure. Je le suivais scrupuleusement au début, cela m’a permis d’automatiser les tâches et je n’ai plus tant besoin de le suivre maintenant. Le point négatif, c’est que quand il y a un imprévu or ce n’est pas noté dans le support, je suis déboussolée. Par ailleurs, je n’avais pas pensé à y mettre l’instant où je vais à la toilette, du coup, je n’y pensais pas malgré mon besoin et je me retrouvais dans l’urgence de devoir y aller. J’ai dû travailler ma flexibilité mentale pour me permettre d’y aller dès que j’en sens le besoin même si ce n’est pas noté dans le support.

  • Rose : Maman d’un enfant autiste (formée Teacch chez Pro aid autisme)

AspieConseil: Qu’avez-vous mis en place ?

J’ai mis en place un emploi du temps semaine et quotidien. Un séquentiel habillage un autre brossage de dents et encore un pour l’autonomie, par exemple prendre la douche tout seul. Je dois réévaluer et adapter à nouveau au fur et à mesure des évolutions et de mes erreurs. Ainsi, j’ai fait une erreur dans les étapes et la représentation spatiale de son corps et de l’ordre des actions des parties à nettoyer. J’ai ensuite réalisé un séquentiel spécial cheveux. J’ai ensuite organisé un chaînage avant et il a pu se débrouiller totalement seul dès la troisième fois. Actuellement je travaille sur l’autonomie du choix des habits en fonction de la météo.

AspieConseil: Que cela vous a-t-il apporté ?

Adrien a rapidement pu se saisir des supports. Diminution quasi totale des TC. Si échec c’est que la structuration est défaillante dans l’enchaînement. Il est apaisé car il sait ce qu’il doit réaliser comme tâches et quand. Cela a permis beaucoup plus de souplesse dans son fonctionnement.

AspieConseil: Quelles sont les limites ? (Estompages, …)

En ce qui concerne les limites et bien je dirais comme tu l’as évoqué l’estompage pour certaines tâches. Souvent en lien avec les profils de personnes TSA avec déficience intellectuelle en particulier ceux qui ont bénéficié des apprentissages à un âge avancé (adulte à partir de 20 ans). Malgré cela les capacités sont impressionnantes. Il y a plusieurs facteurs de non-réussite par rapport à l’estompage…. Mais si en amont on a bien pensé et créé le support le risque est beaucoup plus faible. Et l’apprentissage devient efficient. Acquis et généralisé.

Conclusion :

Au regard de ces témoignages, j’espère vous avoir fait prendre conscience de l’importance de l’outil visuel. Dans tous les cas, sachez que les supports de ce type sont un des nombreux outils à la disposition de l’intervenant et qu’ils doivent être utilisés avec d’autres approches. Il n’y a pas de supports qui fonctionnent tout seuls, ils demandent un travail d’encouragement, de maintien, de régularité pour que la personne puisse s’en saisir.

Un point d’importance, la guidance visuelle ne bloque pas l’apparition du  langage. Ce n’est pas parce que vous empêchez à une personne autiste d’accéder à la nourriture, qu’elle va prononcer « j’ai faim ». Vous le ferez mourir de faim, c’est tout ce que vous aurez réussi à faire. A l’instar de PECS©, la structuration visuelle ne défavorise pas le langage, elle permet au contraire de l’accompagner et s’il est déjà là elle facilitera la fluidité.

Enfin et c’est toujours le but de ce blog, un support doit être réalisé pour la personne autiste et si possible avec la personne autiste. N’hésitez pas à co-construire quand cela est possible.

Le facebook d’AspieConseil pour connaître les actualités, avoir des nouvelles, n’hésitez pas à liker et à vous abonner:
https://www.facebook.com/Aspieconseil/

Et si vous doutiez de sa pertinence, cette petite BD humoristique saura vous en convaincre:

BD support visuel

Ressources :

D’une classe à l’autre : https://www.autismediffusion.com/PBSCProduct.asp?ItmID=21202219

Les pictogrammes : https://www.lespictogrammes.com/

Livre d’initiation : https://www.autismediffusion.com/PBSCProduct.asp?ItmID=25606245

Logiciel :

Picto selector :

https://www.pictoselector.eu/fr/

Formation :

http://proaidautisme.org/le-programme-teacch/

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